L’ICSI donne t-elle toujours de meilleurs résultats que la FIV ?

Deux techniques : la FIV et la FIV ICSI
Je me fait l’écho du Dr Vicariot. Elle s’appuie sur l’étude publiée en 2018 concernant l’absence de supériorité de l’ICSI sur la FIV en l’absence de facteur masculin d’infécondité. Je cite :
Alors que la fécondation in vitro était déjà développée, l’injection intra-cytoplasmique de spermatozoïde est venue compléter les techniques de fécondation pour répondre aux cas d’infécondité d’origine masculine non accessibles à la FIV.
Rapidement, les indications de l’ICSI sont se multipliées. En Australie ou aux USA, les indications ont progressé dans des proportions plus importantes que celles des infécondités masculines.
Dans les infécondités sans cause masculine, une revue Cochrane de 2010 a montré que les taux de grossesse sont équivalents avec les deux techniques. Il n’y avait cependant pas de données d’études randomisées comparant les taux de naissances vivantes. Des doutes sont apparus à propos d’un risque malformatif plus élevé en ICSI. Ceci étant dit, cette différence de risque pouvait aussi être liée au facteur d’infertilité masculine lui-même.
Une grande étude comparative des deux techniques de FIV
Entre juillet 2009 et Juin 2014, a été menée une étude rétrospective d’une cohorte de femmes traitées par FIV ou ICSI intra-conjugales, dans les cliniques de PMA de l’état de Victoria, en Australie, à partir des données du registre VARTA (Victoria Assisted Reproductive Treatment Authority).
Les femmes ont été incluses dès leur tout premier cycle de stimulation, avec au moins un ovocyte fécondé. Les données du traitement et du suivi ont été corrigées dès la première ponction ovarienne (cycles de stimulation avec ponction et transfert d’embryons frais ou cycles de transfert d’embryons congelés) jusqu’en juin 2016 ou jusqu’à l’obtention d’une naissance vivante, ou jusqu’à ce que tous les embryons congelés à la suite de la première ponction aient été utilisés.
Ont été exclues :
- Les femmes qui avaient eu à la fois des cycles de FIV et d’ICSI,
- Les femmes chez qui ont été replacés des embryons frais et congelés de manière simultanée
- Celles dont la FIV avait pour objet un diagnostic pré-implantatoire.
Cette étude a donc inclus :
- 13 463 femmes soit 21 072 cycles avec transfert d’embryons :
- 4 993 femmes en FIV (7 980 cycles avec transfert) et 1 848 (37,0 %) naissances vivantes.
- 8 470 femmes en ICSI (13 092 cycles avec transfert) et 3 046 (36,0 %) naissances vivantes.
Parmi ces cycles :
- 36 % des FIV et 63,2 % des ICSI un facteur d’infécondité masculine était identifié.
- 64 % des FIV et 36,8 % des ICSI aucun facteur d’infécondité masculine n’était identifié
Les résultats de cette étude
Les taux de fécondation ovocytaire étaient plus élevés en ICSI (69,9 %) qu’en FIV (59,9 % ; p < 0,001)
Les taux de transfert étaient plus élevés en FIV (39,8 %) qu’en ICSI (36,7 %) (p < 0,001).
Dans 86,2 % des FIV et 86,0 % des ICSI, un seul embryon avait été transféré.
Les taux de naissances multiples étaient de 4,3 % en FIV et de 5,1 % en ICSI (p = 0,22).
Les taux cumulés de naissances vivantes, toutes causes d’infécondité confondues, étaient de
37,0 % en FIV et 36,0 % en ICSI. Les taux étaient équivalents avant et après ajustement :
Hazard Ratio [HR] = 1 (IC95 de 0,94 à 1,07) et Hazard Ratio ajusté [AHR] = 0,99 (IC95 de 0,92 à 1,06).
Les taux cumulés de naissances vivantes, en cas d’infécondité masculine exclusive, étaient plus élevés en ICSI (40,1 %) qu’en FIV (35,9 %). HR = 1,21 (IC95 de 1,02 à 1,44). Cette différence disparaissait après ajustement : AHR = 1,09 (IC95 de 0,91 à 1,31).
Les taux cumulés de naissances vivantes, en l’absence de facteur masculin d’infécondité, étaient plus élevés en FIV (39,2 %) qu’en ICSI (36,2 %). Mais cette différence n’était pas significative ni avant ni après ajustement : HR = 0,96 (IC95 de 0,84 à 1,08) et AHR = 0,96 (IC95 de 0,85 à 1,10).
Le seul but de la PMA étant de faire naître des enfants en bonne santé, cette étude confirme qu’en l’absence de facteur masculin d’infécondité, l’ICSI n’apporte aucun bénéficie par rapport à la FIV.